Le bal des conscrits

Le bal des conscrits

Vandières, juin 1914…

L’ambiance générale, en France, en Allemagne, en Europe, est belliqueuse. On montre volontiers les crocs, mais dans la population, pour le moment du moins, cela reste du jeu. Ailleurs — ministères, conseils d’administration, chancelleries —, ce n’est plus du jeu depuis un bon moment : la guerre se fera.

Pour l’heure, le village de Vandières est en fête, en liesse même : les jeunes hommes ont été appelés sous les drapeaux. L’année d’école va s’achever et, en plus du Bal des Conscrits de la classe 1914, on fait kermesse. On a dressé le mât de cocagne, sorti le chamboule-tout, aiguisé le coupe-chou pour couper le cou des oies ; on a ouvert deux ou trois buvettes et tendu les façades de guirlandes aux couleurs de la nation. En plus des stands tenus par les habitants eux-mêmes, se joignent aux festivités quelques forains : diseuses de bonne aventure, etc. Cependant, le village vit à son heure, c’est-à-dire que s’y promènent beaucoup de gniards, surexcités, et des hommes et des femmes : un charbonnier, le garde-champêtre, pompiers, vigneronnes, ménagères, bedeau, chaisières, institutrice, curé, édiles, paysans, etc. Les cafés sont ouverts en grand, toutes tables dehors puisqu’il fait un temps radieux.

Pendant ce temps, les conscrits tournent de porche en porche et se voient offrir le coup de vin. Place de la mairie, répétition aussi : la troupe de l’Illustre Compagnie va donner quelque scénette patriotique, avant le bal des conscrits, le soir.

Les villageois ont de nouveau endossé les costumes pour retracer les différentes scènes. La compagnie a mis en place des ateliers dans les communes de Vandières, Louvois, Germaine et Venteuil : ce sont pas moins de 150 participants qui ont animé le village…